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le blog de Hakimarif
20 octobre 2005

Prières carburatoires

Qui peut regarder les citoyens en face et leur dire sans rougir : Demain sera bien ? À l’évidence, personne n’en a ni l’envie ni le courage politique. Pourquoi ? Pour une raison très simple : Les perspectives ne sont pas réjouissantes. Voyons quelques indicateurs économiques significatifs. À fin octobre 2004, les exportations ont augmenté de 2,8% alors que les importations ont fait bien mieux avec 13,5%. Du coup, la capacité de nos exportations à couvrir nos importations a reculé de près de 7 points. Si le taux de couverture baisse aujourd’hui, pourrons-nous au moins nous attendre à une reprise en 2005 ? Pas si facile en fait. Dès janvier, et c’est un cadeau non pas de fin mais de début d’année, les quotas sur les exportations de textiles vont sauter. Sachant qu’alors la concurrence sera libre, ce sont les meilleurs qui vendront sur les Etats-Unis et l’Europe, les deux plus grands marchés du monde. On pourra craindre pour une grande partie des exportations de ce secteur qui représente plus de 35% des recettes à l’export. Aux armes textiliens ! le Maroc compte sur votre combativité. D’autres secteurs sont également touchés par les mutations du marché international, mais contentons-nous du textile pour l’exemple. Voyons maintenant du côté des importations dont le pétrole est un grand poste. La loi de Finance de 2005 table sur un baril à 35 dollars. S’agit-il du brent ou d’une autre référence? Le budget n’en souffle mot. Sachant que le brent peut dépasser ce prix, il y a de sérieux risques que la base de calcul du ministère des finances soit inopérante. Sans parler, cela va de soi, des perturbations politiques et militaires qui ont la fâcheuse manie de se concentrer dans les zones les plus richement dotées en hydrocarbures. Comme les responsables marocains sont de grands spécialistes des prières rogatoires, ils seraient peut-être aussi inspirés en organisant des prières carburatoires pour que le prix du pétrole ne dépasse pas les 35$, et voilà de quoi les motiver : chaque dollar de plus pour un baril nous coûtera 0,1% de PIB. Est-ce suffisant ? Cela devrait suffire effectivement. Si le pétrole est un vrai problème pour Mohamed Boutaleb, le ministre de l’énergie, le baril est un vrai cauchemar pour son collègue des Finances, Fathallah Oualalou qui, lui, pense à son budget et au moyen d’éviter les sombres prévisions de ce représentant, membre de la Commission des Finances qui n’a pas hésité à dire que le budget 2005 « annonce la chute de l’économie marocaine ». Il a été cité dans un rapport particulièrement réaliste du Crédit Suisse First Botson de novembre 2004. No comment. L’honorable député savait que la baisse des recettes, aggravée par la hausse des dépenses budgétaires n’était pas un heureux présage. La hausse du pétrole engendrerait une augmentation des subventions, sans éviter une certaine hausse des prix à la pompe. L’inflation ainsi que le déficit public qui s’en suivraient pourraient causer de très graves dégâts. Les déficits étaient déjà importants en 2003 et en 2004, ils n’ont été réduits que grâce aux privatisations de la Régie des Tabacs et de Maroc Télécom. Autrement, nous aurions eu 3,7% contre 2,5% en 2003 et 5,1% contre 4,1% en 2004. Pour 2005, si rien n’est fait, le déficit pourrait monter à 6,7%. Voyons, que pourrions-nous vendre encore ?
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