La guerre de l’oxygène

A quoi doit-on imputer tous ces conflits qui empêchent le monde de dormir tranquille? Pourquoi, après le siècle des guerres mondiales, le monde vit-il toujours sous la même mentalité de 14-18 et de 38-45? Les pays pauvres peuvent-ils espérer un avenir meilleur?

Peut-on encore espérer récupérer l'Irak? Depuis que l'administration américaine, dans son "infinie sagesse" a tiré le premier coup de mitraillette, rien en va plus. Alors que chaque jour des centaines d'Irakiens meurent dans les attentats à la voiture piégée ou des assassinats exécutés de sang froid, Georges Bush continue à endormir les Américains avec ses mensonges aussi flagrants que le nez de Pinocchio. Le monde s'est tu sur un drame gigantesque qui a emporté près de 150.000 irakiens en 3 ans. Et le compte n'est pas fini. Ce sont en majorité des innocents qui n'ont rien à voir avec les Américains ni même avec les Irakiens qui veulent aujourd'hui les gouverner. Comme pour montrer qu'il maîtrise la situation, G.W Bush n'arrête pas dire que les Irakiens vivent beaucoup mieux aujourd'hui. Et chaque fois qu'il ouvre la bouche, des morts tombent par dizaines, y compris dans le rang de ses propres soldats dont certains voulaient seulement acquérir la nationalité américaine. Comble de l'horreur, des enfants sont emportés par les flots de cette haine made in USA. Tout le monde se déteste. Les Arabes se détestent. Entre ceux qui veulent en découdre et ceux qui veulent temporiser, c'est le divorce irrévocable. Personne ne sait jusqu'où ira la tension. Entre les Arabes et les Israéliens c'est un autre foyer de braise qui n'arrive pas à s'éteindre. Entre les Arabes et l'Occident c'est la suspicion qui prend le dessus, personne ne fait plus confiance à personne. Et tout cela pourquoi? Pour le pétrole? Pour les industries militaires? Sûr pour les deux. Mais plus important, toutes ces guerres se font au nom du dollar. C'est la raison principale bien que non avouée, comment pourrait-elle l'être, par les Américains du clan de Bush. Imaginons que l'Iran crée un marché pétrolier en euros et que d'autres pays suivent. La demande sur le dollar baisserait forcément puisque la plus grande demande sur la devise américaine est assurée par le marché du pétrole et du gaz. Allait-on laisser faire? Non, mais comment s'en prendre à un pays fort et qui, comble de la témérité, menace de recourir à l'arme nucléaire? Il faut créer des tensions à côté, juste pour le mettre sous la menace et l'obliger à changer de priorité: sa défense au lieu de la force de sa devise. Il faut dire que cela réussit assez bien, jusqu'à un certain point, tout de même. Bien sûr, les Américains continuent de remplir leurs réservoirs. Mais à quel prix? Leur tranquillité ne peut durer que tant que la guerre continue ailleurs. C'est le fondement du système américain. L'économie compte trop sur les industries liées de près ou de loin à la guerre et aux armes légères qui font des morts par milliers dans les centres urbains. L'économie est trop compromise avec les chefs de guerre pour qu'elle puisse revenir à des activités plus pacifiques. Les médias ont été, comme de bien entendu, bien utilisés. Et parfois cela donne d'étranges combinaisons. On connaît le penchant de CNN pour les nouveaux conservateurs américains, clan d'adoption du président. Ce qu'on comprend moins, c'est l'attitude de la chaîne Al Jazzeera qui bouffe de l'Américain à longueur de journée alors qu'elle est financée par les Émirs du Qatar, pays qui offre ses bases aux avions de chasse américains. Comment comprendre cette contradiction? Ce n'en est pas une en fait. Les intérêts pétroliers ont créé une caste mondiale qui s'abreuve à la même source. Les intérêts des Qatariotes et des pétroliers américains sont similaires. Plus le prix du pétrole augmente, plus ils s'enrichissent. Et pour que le prix augmente, il faut que la psychose et l'instabilité s'installent. Les marchés sont tellement frileux que le moindre tir de revolver les fait fuir. Alors, entendu, il faut chauffer les foules arabes, grâce à ces émissions, où ils apparaissent plus comme de dangereux assassins que comme des citoyens normaux pareils à ceux des pays occidentaux. Al Jazzeera fonctionne de telle sorte que les fruits de ses émissions seront récoltés par l'administration américaine et par le pouvoir qatariote. D'autres pays en profitent évidemment, c'est pourquoi, ils se taisent. Qui sait qui a créé Oussama ben laden, un Saoudien issu d'une famille amie des Bush et lui-même ancien collaborateur de la CIA. Est-il vraiment un anti-Bush? On en doute. Les Irakiens sont entrain de payer pour les actionnaires des majors et pour les émirs qui entassent les milliards tout en donnant à leurs peuples une distraction très absorbante, l'ennemi occidental. Le jeu est dangereux car il risque de se retourner contre ses créateurs. Le monde a changé. Malgré tout, les théoriciens emploient toujours des catégories d'analyse usées qui ne rendent plus compte de la réalité. La lutte n'est plus entre pays pauvres et pays riches mais entre pauvres et riches de tous les pays. La mondialisation a fait que le riche de Paris, de Londres, de Pékin, de Riad, de Casablanca ou de New York ne peut maintenir son train de vie que si les pauvres de Koweït City, de Kualalumpur ou du Rio de Janeiro se maintiennent dans le leur. Un simple calcul montre que tout le monde ne peut pas accéder au confort de la vie moderne. Imaginons, les citoyens du monde, tous capables d'acheter et de conduire des voitures. Il y en aurait des milliers. Peut-on le concevoir? Si tout le monde pouvait acheter un téléviseur, un journal, un sandwich au poisson ou au poulet, combien de forêts doit-on abattre, combien de mines creuser, de mers vider de leur poisson et d'oiseaux abattre chaque année. Ceci alors que les ressources de la terre commencent à atteindre leur limite pour moins que la population mondiale qui peut acheter les biens du commerce. Sans parler de la détérioration de l'environnement. Sans parler de tous ces risques qu'on fait courir à la planète par les essais nucléaires, les forages de plus en plus profonds pour extraire de plus en plus de matières première. S'il y a des guerres encore aujourd'hui, c'est parce que les biens portants veulent maintenir leurs avantages. Leur confort, ce qu'ils appellent leur mode de vie. Ce n'est pas par hasard que les dirigeants occidentaux accusent en premier lieu les fondamentalistes terroristes de s'en prendre à leur mode de vie. Si Les Irakiens avaient tous une voiture ou deux par ménage, leur demande sur le carburant augmenterait et donc le prix sur le marché mondial. Si tous les pays pauvres avaient le même niveau de richesse que celui des pays occidentaux, le pétrole serait non pas à 60 dollars mais à 200 voire même plus. En fait, loin des rhétoriques des idéologues de l'Occident, il ne s'agit pas d'une confrontation entre des civilisations. Elles n'ont rien n'a y voir. Du tout. C'est une guerre de ressources. Et il n'y a pas que le pétrole. Il y a aussi l'eau et maintenant l'air et l'oxygène. Pour que les pays riches continuent à produire et à polluer, il faut que les pays pauvres soient empêchés de faire la même chose. Pourquoi Bush a toujours refusé de protocole de Kyoto? Justement parce qu'il veut continuer à produire et donc à être plus compétitif sans alourdir ses entreprises de ces charges supplémentaires à la dépollution. Dans cer contexte, parler du développement des pays du Sud devient un passe-temps certes, parfois agréable mais totalement inutile. Tout le monde ne peut pas être développé. Les pays sous-développés doivent s’ils veulent améliorer leur sort arracher leur avenir de la main des pays riches qui ne veulent rien concéder de peur de devoir se séparer de cetains de leurs acquis. Ces derniers ont été, faut-il le rappeler, obtenus sur le dos de ceux qui aujourd’hui réclament un sort meilleur. Le développement ne se fera que par la guerre ou du moins que par des conflits qui vont certainement faire beaucoup de victimes. Et là on est encore optimistes.