Tant va la cruche…

On nous le redit encore une fois, à toute fin utile, que les diplômés sont les plus touchés par le chômage. Plus on étudie, moins on a de chance de trouver un emploi en conformité avec les connaissances acquises. Question bête alors : Pourquoi s’embêter dans les universités, les écoles et les instituts supérieurs, si au bout de toutes ces années, la seule voie de sortie débouche sur le vide ? La question est effectivement bête. Les études ne sont pas un luxe, elles ouvrent l’esprit et augmentent le capital potentiel national. Oui, je le conçois bien, mais que faire de ce capital. Osons la vraie question : A qui la faute s’il y a tant de chômage ? Comme on dit dans les discours de langue de bois, la responsabilité est partagée. D’accord, mais qui prend quoi ? C’est à où tout bascule, le discours s’arrête par manque d’argument. Soyons clairs pour une fois et reconnaissons que les politiques économiques poursuivies depuis des années n’ont absolument rien donné de concret. On a enfin donné la priorité aux entreprises et au marché ? Oui, et alors qu’est ce qui s’est passé ensuite ? Rien, statu quo intégral. CE qui est juste aussi c’est que l’Etat après avoir constaté l’étendu des ravages de ses politiques a tout de même fait quelque chose : il a établi un environnement favorable à l’épanouissement de l’initiative privée. Dire que l’Etat n’a rien fait n’est pas une attitude sérieuse. Le cadre est propice aux investissements, la preuve vient d’ailleurs des entreprises étrangères qui ne se plaignent pas trop. Où est l’esprit d’entreprise ? Nulle part. Nous avons eu des réussites, c’est certain, mais elles restent des cas isolés si on les met en comparaison avec les besoins du pays. Les détenteurs de capitaux, grands, moyens ou petits, sont loin, très loin de cet esprit d’entreprise qui est constamment à la recherche de nouvelles opportunités et qui ne pense qu’à investir. Pourquoi sont-ils si frileux ? Pourquoi devrions-nous attendre qu’une entreprise française vienne gérer nos déchets, notre eau et électricité ou encore nos communications ? Parce que nous ne savon rien faire. C’est cela la véritable raison de notre atonie. Car, remarquez bien, dès qu’une entreprise étrangère met les pieds sur le sol marocain, les capitaux commencent à sortir de leur cachette. On préfère mettre ses œufs dans le panier de l’investisseur étranger plutôt que s’associer à des compatriotes, trop peu crédibles pour inspirer confiance. Et puis ces diplômés eux-mêmes, pourquoi tiennent-ils tant à se faire recruter par l’Administration publique ou par les entreprises privées ? N’ont-ils rien à ajouter aucune idée à fructifier, pas de bagage entrepreneurial à exploiter ? Le système d’enseignement a oublié de leur apprendre ce qu’est l’esprit d’entreprise et surtout ce qu’est le rôle de l’Etat aujourd’hui. L’Etat ne recrute plus, il se contente de veiller à ce que les entreprises puissent le faire de manière continue. L’enseignement ressemble à homme qui passe sa journée à remplir des cruches à la source sans savoir que faire de toute cette eau. Il se dit sans doute, je remplis d’abord, on verra ensuite. Ensuite ? Il n’y a rien après. L’individu ne sait pas que toutes les maisons sont raccordées à l’eau courante et que ses cruches, personne n’en veut.